Les conséquences de la fourbure chronique sur les pieds des chevaux...tellement plus dramatiques parfois que ce qu'il n'y parait.
Il y a quelques temps, j’ai eu la chance qu’on me partage les images d’une dissection des pieds de deux ponettes fourbues chroniques, euthanasiées à cause de la douleur.
Ce que je voudrais mettre en avant ici, c’est que ce n’est pas la fourbure qui a fait que ces ponettes sont mortes : ce sont les CONSEQUENCES qui se sont mises en place sur des années qui ont fini par justifier leur euthanasie. Ce n’est PAS quelque chose qui est arrivé en quelques semaines ou en quelques mois. Ce sont DES ANNEES de négligence.
Je vais vous donner mon point de vue : cette négligence n’est pas le fait de méchanceté ou de « je-m’en-foutisme » meurtrier. Cette négligence est le fait d’une croyance tellement répandue qu’elle en est devenue une vérité : la fourbure serait irréversible !
Quand on n’a pas d’espoir, qu’on n’a pas de solution, voilà ce qui finit inéluctablement par arriver : on laisse la maladie évoluer. Pourtant la fourbure est loin d’être une fatalité.
J’interviens assez régulièrement sur les groupes de chevaux fourbus en conseillant aux personnes de parer elles-mêmes si elles ne trouvent pas de professionnel pour les aider avec leur cheval (j’insiste sur le « si »).
Ce conseil peut paraître particulièrement parti-pris puisque j’ai fait de l’accompagnement à distance des propriétaires de chevaux fourbus mon métier.
Seulement la vérité, c’est que si je donne régulièrement ce conseil, c’est parce que la prise en charge RAPIDE et EFFICACE de la fourbure est primordiale pour l’avenir du cheval qui a fait une crise. La qualité de cette prise en charge est tout aussi capitale, peut-être plus encore, chez le cheval fourbu chronique.
Je le dis souvent et je le répète encore aujourd’hui : une fourbure peut se remettre à 100% sans laisser de traces lorsqu’elle elle est prise à temps.
MAIS si on laisse traîner des mois, voir pire…des années, l’évolution est systématiquement catastrophique à long terme.
J’ai la chance que de par mon activité on me partage énormément de photos de cas divers et variés. Cela fait vraiment évoluer mon travail et ma conception de la fourbure. Pour cela je remercie vraiment les personnes qui me font confiance en partageant leurs histoires avec moi. Normalement je garde ce que l’on me confie pour moi, par souci de discrétion envers le propriétaire. Mais cette fois-ci j’ai demandé à la personne qui m’a partagé ces images si je pouvais publier le cas de ses deux ponettes.
Voici donc ce qui se passe au stade final de la fourbure au niveau des os des pieds chez un cheval fourbu chronique depuis plusieurs années :
Ces évolutions peuvent paraître un peu extrêmes et vous sembler improbables dans le cas de votre cheval…et pourtant c’est ce qui arrive à plus ou moins long terme à TOUS les chevaux dont les pieds restent fourbus. La plupart des chevaux ne feront pas les ostéophytes que vous avez vu dans cette vidéo, mais le remodelage osseux se met en place rapidement dans 100% de cas. Je le redis en cas de doute : 100% des chevaux dont les pieds ne sont pas réhabilités très rapidement souffriront d’une lyse osseuse de P3. En d’autre termes, la 3ème phalange de votre cheval va disparaître petit à petit…jusqu’au stade où il n’en restera presque plus rien.
Si vous aimez votre cheval, une prise en charge SPECIFIQUE est nécessaire pour réhabiliter les pieds fourbus. Si P3 a bougé, ce n’est pas le régime qui aidera votre cheval, c’est uniquement un parage de réalignement qui lui évitera ce que vous allez voir dans cette vidéo. Bien entendu une alimentation spécifique est extrêmement importante, mais aucun régime ne fera le parage pour vous.
Le meilleur cadeau que vous puissiez offrir à votre cheval est de vous entourer de personnes compétentes, ouvertes et bienveillantes. Et si vous ne trouvez personne, investissez dans une râpe et croyez en vous.
ABSOLUMENT tout le monde est capable de réhabiliter un cheval fourbu. Je le répète: TOUT LE MONDE !
Si on vous dit le contraire, cherchez ailleurs.
Ping : Quand bascule-t-on de la réhabilitation aux soins palliatifs ? - Catherine Seingry Equiholistique