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Euthanasie ?

On m’a récemment dit que je devais avoir un sérieux problème pour vouloir absolument sauver tous les fourbus. Et là j’ai eu droit à une jolie psychanalyse de comptoir : « anthropomorphisme de la mort, projections sur l’animal d’autres décès, charge émotionnelle trop importante pour faire face au départ de l’animal, syndrome de l’infirmière, peur de la mort ».

Sauver un animal serait donc dans mon cas un acte égoïste car, visiblement, mieux vaut la mort que d’accepter que, selon la pathologie, il faille parfois un certain temps de convalescence.

Alors je vais commencer cet article par de l’anthropomorphisme, du vrai celui-là :

Il y a quelques années, à la naissance de ma fille, j’ai fait un choc septique. C’est TRES douloureux et invalidant. Et bien malgré la douleur, je n’avais pas envie de mourir. Depuis j’ai gardé de nombreuses séquelles…et je n’ai toujours pas envie de mourir. Pourtant une petite partie de moi a toujours eu cette petite tendance suicidaire quand ma vie était trop difficile. Et pourtant non, durant toute ma période de souffrance, je n’avais qu’une envie : aller mieux.

OUI, C’EST PUREMENT DE L’ANTHROPOMORPHISME si je vous dis que pour les animaux c’est pareil. Pourtant dans les faits…et bien pour les animaux c’est absolument la même chose ! Certains vous montrent clairement qu’ils ne veulent pas lutter tandis que d’autres sont absolument formels : ils ont la volonté de lutter et de vivre. C’est à ce moment là que vient notre responsabilité de propriétaire aimant : aider et accompagner l’animal dans SON choix à lui. L’aider à partir ou l’aider à se remettre.

Le choix de l’euthanasie est avant tout une question de bon sens : l’animal souffre-t-il ? La blessure peut-elle se remettre ou la pathologie peut-elle guérir ? Si c’est « incurable », dans quelle mesure cela va-t-il impacter la fin de vie de l’animal ? Et enfin, ai-je les moyens techniques, pratiques et financiers d’aider mon cheval ? Ai-je la capacité morale de l’accompagner ?

Le choix de l’euthanasie est un choix très personnel. Je me rappelle avoir posé cette question à ma vétérinaire le jour où je l’ai appelée pour la première jument que j’ai perdu : « Quand sait-on que c’est le bon moment ? » lui ai-je demandé. «  Le propriétaire le sait. » Voilà sa réponse, et elle avait raison. Bien-sûr, certains demandent des euthanasies de confort (confort pour eux-mêmes, par pour le cheval), et celles-ci, certains vétérinaires les acceptent et d’autres pas.

Aux gens qui ont "l'euthanasie facile" (ce terme n'est pas de moi)

C’est votre droit en tant que propriétaire. Dans certains cas, vous avez absolument raison, c’est le moment d’aider le cheval à partir. Mais comprenez deux choses : d’abord que ce n’est pas aussi facile pour tout le monde…et ensuite que ce n’est pas parce que VOUS estimez que tel cheval devrait être euthanasié…qu’il devrait l’être ! Par exemple pour la personne qui m’a accusée d’avoir le syndrome de l’infirmière parce que je fais une anthropomorphisation de la mort de l’animal, mort pour laquelle je devrais vraisemblablement suivre une longue psychanalyse … 

Si je retourne la situation et que j’analyse ça de mon point de vue (avec un peu de mauvaise foi), je pourrais penser qu’elle-même a un problème avec la souffrance, peut-être un parent parti des suites d’une longue agonie liée à un cancer ou toute autre maladie compliquée à guérir ? Et là je pourrais appuyer mon analyse en ressortant mes diplômes d’étudiante en psychologie. Après tout 4 ans d’études dans le domaine ça me rend plus crédible non ? Pas 4 ans en première année hein ! 😉 

Et là la question se pose : s’il s’agissait d’un humain souffrant de grosses crises de gouttes, proposerait-elle l’euthanasie ? Si non, cela signifie-t-il que, d’une certaine manière la vie d’un animal vaut moins que celle d’un humain ? Ou cela signifie-t-il que si l’humain est en droit de préférer vivre avec sa souffrance (ce qui est souvent le cas), il est trop culpabilisant ou tout simplement trop dérangeant de voir un animal souffrir temporairement alors qu’on sait que cela va guérir ? Quand à prétendre que l’APRES est forcément une vie misérable pour le cheval, c’est souvent totalement ridicule et ne sert qu’à déculpabiliser les cas d’euthanasie de confort.

Entendons-nous bien, je ne suis absolument pas contre l'euthanasie

Loin de là d’ailleurs! Mes deux juments sont parties par euthanasie. Mon chien est parti par euthanasie, le jour de mon anniversaire… J’aurais préféré un cadeau plus sympa, mais ce jour là Bandit m’a fait savoir qu’il était temps pour lui. C’était peut-être son cadeau pour moi, être présent ce jour là et me faire savoir que c’était SON choix. Et si ici une personne vient encore me parler d’anthropomorphisme, soit elle n’a jamais eu d’animal, soit elle ne l’a jamais réellement regardé ni entendu…et ça c’est particulièrement triste. 

Maintenant je vais m'adresser aux gens qui culpabilisent d'euthanasier leur cheval malade

Il n’y a qu’une personne qui sait quand c’est le moment, et cette personne c’est vous. Certains cas de fourbure, rares heureusement, sont malheureusement irréversibles : c’est notamment le cas de la fourbure d’appui. Dans d’autres cas, ce n’est pas tant la fourbure elle-même qui est dommageable au cheval que sa cause. Parfois encore, ce sont les conséquences d’une fourbure qui a duré trop longtemps qui seront le véritable problème… Parfois à l’inverse, une blessure peut être extrêmement impressionnante et pourtant très rapidement se remettre, j’en ai eu récemment la démonstration lorsque Fantasia, ma plus jeune jument, s’est fracturé le crâne. Il est difficile de décrire par des mots à quel point c’était impressionnant, et pourtant en à peine plus de deux mois, elle s’était remise. Voulait-elle mourir ? Clairement pas ! D’ailleurs elle n’a absolument pas compris pourquoi elle était « punie » lorsque je lui ai improvisé un boxe pour le temps de sa convalescence. 

Ai-je pensé à l’euthanasie ? Bien entendu. Lorsque je l’ai retrouvée avec le crâne ouvert en deux, les os broyés et à l’air libre, je me suis effondrée. Je n’ai vu que deux options : l’euthanasie ou une chirurgie. J’ai immédiatement appelé ma vétérinaire et dans la foulée j’ai téléphoné à mes parents pour leur demander si je pourrais leur emprunter une grosse somme d’argent. Chose qu’ils ont bien entendu immédiatement accepté (merci maman, merci papa d’être toujours là pour moi). J’imaginais déjà un montant que je ne possédais pas. Finalement ma vétérinaire est rapidement arrivée et, pour elle, rien de « grave ». C’était grave bien sûr, mais ça allait se remettre avec uniquement des soins locaux pour protéger la plaie et la laisser cicatriser entièrement seule. Et effectivement à part 10 jours d’antibiotiques et 3 jours d’anti-œdémateux (et encore une petite tournée vers la fin), tout s’est remis avec un nettoyage à l’eau claire tous les deux à trois jours et de la crème Tifène uniquement. Bien-sûr aujourd’hui on voit encore les traces de l’accident, mais je préfère mon cheval avec son nouveau physique de guerrière plutôt que de ne plus voir mon cheval du tout. D’autant plus que de son côté, elle vit sa vie comme si de rien n’était !

Ah oui, pour l’ « APRES » de Fantasia, tout va très bien. D’ailleurs pour l’après de tous mes chevaux tout va très bien. Tristam et Utopia vont très bien dans leurs pieds malgré qu’ils aient été fourbus et Fantasia va très bien dans sa tête. Enfin dans son crâne lol. Quand à Sigrid, Cambridge et Bandit, je suis à la fois tellement triste de les avoir perdus et tellement heureuse que l’euthanasie existe. Je leur ait évité une douloureuse agonie, leur heure était tout simplement venue.

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